La "juste" distance entre professionnel et résidant en FAM

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[Document faisant suite à une réunion avec l’équipe pluridisciplinaire]

« Je suis le Roi du FAM » C’est à partir de cette phrase énoncée par un résidant que nous avons proposé une discussion et une réflexion commune autour de la notion de distance professionnelle. Qu’est-ce que cela veut dire ? A cela, l’équipe a pu dire : le fait de se sentir supérieur aux autres, intouchable, de ne pas être soumis aux mêmes règles, de jouir de privilèges individuels.

Pourquoi ce sentiment d’impunité dans le fonctionnement collectif ? Les affinités entretenues par les professionnels avec certains résidants seraient la cause d’une difficulté à poser le cadre en cas de besoin, de la même manière qu’il est posé auprès des autres résidants. La proximité relationnelle rendrait donc difficile l’application des règles de vie, leur compréhension, et compromettrait la dimension égalitaire de l’accompagnement des résidants.

Se pose alors la question de la distance professionnelle : qu’est-ce que c’est ? Nous nous sommes interrogés sur sa définition, son intérêt et ses formes. Nous avons alors identifié deux formes de distance : la distance physique et la distance relationnelle. La question de la distance se pose évidemment pour des professionnels qui, dans le cadre de leurs missions, sont amenés au plus près des corps des résidants et de ce qui fait l’intimité de la personne. Comment rester distant alors que l’on est si proche ? La confusion peut guetter le professionnel tout comme le résidant.

Démonstration de sentiments d’amour et d’amitié

Certains résidants ont un besoin débordant d’affection et renouvellent incessamment la même demande auprès du professionnel. Par tous les moyens en leur possession (embrasser la main qui leur est simplement proposée, tendre les bras, répétition verbale de la demande etc.) ils sont en quête de réconfort par la proximité physique et le geste d’affection (câlin, bise, bisous…). Douce sensation, dont ils ont parfois manqué dans leur histoire avec leurs propres parents. Certains résidants adressent ce manque affectif au professionnel, ce qui a pour effet de les placer dans une situation inconfortable où il n’aurait pas d’autre choix que de répondre positivement à la demande. A travers le besoin avide d’affection, le résidant nous renvoie à des émotions plus ou moins supportables : le vide, l’absence, le manque, le rejet, la solitude… Finalement, le résidant nous adresse ses émotions, parfois brutes, et nous amène à ressentir ce que lui ressent.

Cela nous amène directement à la notion d’empathie, c’est-à-dire la compréhension des sentiments d’autrui, pouvoir « se mettre à sa place », « ressentir avec» sans oublier qu’il s’agit d’un autre qui ressent vraiment. Ainsi, le concept d'empathie est intimement imbriqué avec la notion d'affects et d'émotions, ce qui peut expliquer la difficulté à être empathique sans se laisser envahir, que ce soit par ses propres émotions ou par celles du résidant. De ce fait, si le professionnel veut mettre en place une relation professionnel-résidant de qualité, il doit essayer d'être dans l'empathie (pas dans la compassion), d'être à l'écoute et de comprendre les émotions du résidant, sans les assimiler à sa propre individualité. En cela, l’empathie est une véritable épreuve, une mise en situation usante qui peut « grignoter » le professionnel. Il faut pouvoir être conscient des différents sentiments que nous renvoient les résidants et en parler entre professionnels afin de ne pas tomber ni dans l’héroïsme pour certains ni dans la froide distance pour d’autres. L’empathie comporte cette dimension professionnelle, dans le sens où il y a maîtrise de la situation : le professionnel sait toujours où il se situe dans la relation. La bonne distance est maintenue, sans crainte de fusion ou de confusion.

Derrière les demandes d’affection des résidants, se jouent des mouvements de régression. Certaines personnes dépendantes ont tendance à se comporter comme des enfants et de s’en remettre complètement aux soins du professionnel qui s’occupe bien de lui. Toute personne en situation de fragilité psychologique tend à prendre inconsciemment des attitudes d’enfants : tendance à demander beaucoup, à utiliser différents moyens pour solliciter l’attention des professionnels, à faire que l’on s’occupe de lui. Répondre positivement aux demandes d’affection (telle une mère qui câlinerait son enfant), c’est encourager la régression et favoriser la dépendance affective à l’autre. On pense aider spontanément le résidant, alors qu’on ne lui renvoie qu’une illusion affective qui creuse davantage ses difficultés relationnelles et personnelles.

Les résidants ne sont ni nos enfants, ni nos amis. En dépit des qualités que nous leur reconnaissons, nous ne ressentons pas d’amour pour eux. Certains résidants nous placent dans une relation d’attachement qu’ils surinvestissent, parfois jusqu’à un sentiment d’épuisement et de saturation. Mais cette relation humaine, nécessaire à l’épanouissement professionnel d’un côté et à un accompagnement de vie de qualité d’autre part, ne doit pas être conçue dans un attachement amical. Le résidant, dont la vie affective est parfois pauvre, dépourvue de liens amicaux et/ou amoureux n’est pas notre ami. La manière dont il va surinvestir le lien au professionnel, et la manière dont le professionnel va laisser le résidant surinvestir le lien peut être très dangereuse pour ce dernier. Que se passe-t-il lorsque le professionnel part le soir ou démissionne de ses fonctions ? Pour le résidant, la perte est immense et douloureuse. Et il sera de nouveau confronté, de manière peut-être encore plus dure, au manque, au vide, à l’absence, à l’abandon, voire à la trahison.

Du côté du professionnel, il est important de repérer ses propres limites, savoir dire « non » avec pédagogie. Dire « non », ce n’est pas être méchant ou cruel. Nous ne pouvons « nourrir » les résidants des sentiments dont ils manquent. Nous ne pourrons jamais remplacer les liens familiaux ou amoureux qu’ils ont à créer par eux-mêmes. Nous ne pouvons pas compenser le manque, mais nous pouvons les amener à trouver leurs propres solutions. La distance représente pour le professionnel une lutte constante entre le fait de céder à la moindre demande d’affection du résidant (parce que cela réveille chez le professionnel des sentiments désagréables) et le fait de rester dans une attitude rigide et distante.

  • Que faire face à une demande d’affection que nous ne pouvons satisfaire ? Comment rester dans cette juste distance professionnelle face à une demande qui dépasse ce cadre ?

Il est important d’expliquer simplement, sans complexe, au résidant que le geste qu’il nous demande n’est pas souhaitable pour la relation qui nous unit. Que pour bien travailler, bien l’accompagner, on ne peut pas être dans une relation trop proche (physiquement et psychiquement), ce n’est pas lui rendre service même si lui le ressent comme cela. On reconnaît alors que le résidant a des besoins affectifs et que ceux-ci dépassent notre champ d’intervention, en dépit de la sensibilité que l’on éprouve pour lui. Il ne s’agit évidemment pas de dire un « non » systématique à toute demande, mais de fournir des réponses à sa portée, claires et assumées, qui lui permettent de comprendre.

Il est tout aussi important que le respect d’une juste distance avec le résidant fasse partie intégrante d’une éthique de travail, peu importe sa fonction. Ce n’est pas un positionnement imposé par la direction, mais une recommandation dans l’intérêt du résidant et du professionnel. On ne peut donc pas se justifier ainsi auprès du résidant : « Ce n’est pas que je ne veux pas te prendre dans mes bras, mais je n’ai pas le droit ». Le professionnel, même en difficulté émotionnellement face à la demande du résidant, ne peut se retrancher derrière une telle raison. Le résidant pense alors, à juste titre, que le professionnel est désireux d’un rapprochement physique, rendu impossible par une direction sévère et castratrice. Le résidant connaît alors une double frustration : celle liée au refus de la demande et celle liée à la désignation d’un coupable à qui il va chercher à échapper. A partir de cela, le discours que l’on tient au résidant est confus, et il est légitime qu’il cherche la faille. Il peut alors renouveler sa demande dans des endroits qui échappent aux caméras de surveillance, ou à un moment où le professionnel a débadgé (il n’est alors plus professionnel, et n’est plus soumis à la hiérarchie). D’où l’importance d’une position collective et unanime de la part de tous les professionnels, qui évite l’incompréhension, la frustration et les bouderies du résidant.

  • Pour le respect de la bonne distance professionnelle, que doit-on dire au résidant de notre propre vie ? Y-a-t-il une limite dans ce que nous leur disons de nous ?

Chaque professionnel étant différent, ayant un rapport différent à sa propre intimité, il est délicat de définir une position commune à cette question. A chacun, dans la relation qu’il a avec tel ou tel résidant de trouver sa limite, sans jamais anticiper la question. On ne va pas « raconter sa vie » mais apporter une réponse à la question du résidant. Il faut simplement rester vigilant par rapport à ce que l’on dit au résidant, dans ce que cela peut amener de frustration. Renvoyer que l'on a passé un week-end formidable, fait de sorties et d’amis, peut être un miroir violent à la solitude ou l’ennui vécus par le résidant.

  • Devons-nous orienter le résidant vers ses référents (vie quotidienne & socio) plutôt que de voir sa parole déversée auprès de tous les professionnels ?

Le manque de filtre de certains résidants amène une parole « lâchée dans le collectif » qui trahit quelque chose de son intimité. Le filtre psychique est ce qui protège normalement la personne en définissant clairement ce qui est soi et ce qui est non-soi ; ce qui est à l’intérieur et ce qui est à l’extérieur ; ce qui est intime de ce qui ne l’est pas. Auprès de ces résidants dont le filtre fait défaut et dont l’intériorité n’est plus protégée, il est important de continuer à recadrer les propos. Le professionnel devient le filtre qui protège le résidant dans ce qu’il dit de lui, de son intimité, auprès des autres.

Dans le cas où un résidant fait une confidence à un grand nombre de professionnels, il ne s’agit plus vraiment d’une confidence, mais d’un besoin de parler, un besoin de se confronter à différents avis, une manière de fédérer l’équipe autour de soi. Cela peut être opportun lorsque le résidant vit une difficulté ou un conflit, c’est un moyen d’être soutenu et de ne pas se sentir seul. Si le discours devient trop intime, on peut proposer au résidant de n’en parler qu’à quelques professionnels de confiance (référent ou pas). On l’aide ainsi dans l’appropriation personnelle de son histoire et dans la compréhension de ce qui fait l’intimité d’une personne.

Pour conclure…

Il est plus intéressant de parler de « juste » distance ou de « bonne distance », car la distance seule renvoie plus à l’éloignement et la froideur dans la relation professionnel-résidant.

Selon Pascal Prayez, la « juste distance » se définit comme : « la capacité à être au contact d’autrui malgré la différence des places ». Elle implique d'être pleinement conscient des enjeux émotionnels et affectifs, mais aussi des intérêts éthiques qu'entraîne cette relation. Ainsi, pour mettre en place une distance juste avec le résidant, il faut que le professionnel soit dans « l'intention juste », c'est-à-dire en ayant la volonté de trouver un certain équilibre entre ce qu'il veut apporter à l'autre, et ce que celui-ci est en droit d'attendre en tant que résidant. Le professionnel doit établir un lien interactif avec la personne accueillie qui lui permet à la fois d'être au contact de son ressenti, de ses émotions, tout en conservant suffisamment de distance afin de pouvoir les analyser et ne pas les assimiler. Il pourra ainsi préserver son intégrité psychique et son bien-être dans le cadre de l'exercice de sa profession.

Prendre du recul par rapport à ce que le résidant attend de nous est essentiel à son bon accompagnement et protège psychologiquement le professionnel. La bonne distance n’est jamais figée ou protocolisée. Il appartient à chacun de s’auto-évaluer et d’adapter sa propre distance avec le résidant en fonction de la dynamique de la relation et de ses enjeux. Les limites sont personnelles et dépendent de chaque professionnel.

La notion de « juste distance » est loin d’être évidente à garder. Cependant, le questionnement du professionnel vis-à-vis de sa pratique est indispensable :

  • Est-ce que mes agissements sont bénéfiques au résidant ? Quel est l’intérêt du résidant ?
  • Qu’est-ce que je ressens pour ce résidant ? Pourquoi est-il plus difficile de lui poser les règles ?
  • Suis-je dans une position professionnelle vis-à-vis du résidant ?
  • Suis-je dans un positionnement commun vis-à-vis de l’équipe ?
  • Suis-je dans une dimension d’égalité vis-à-vis des autres résidants ?

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Bonjour je me prénomme nadia mère de 3 enfants. Je vivais à briouze avec mon mari, quand en 2018 il décida d'aller en voyage d'affaire à Bresil , où il tomba sur le charme d'une jeune vénézuélienne et ne semblait même plus rentrer. Ces appels devenaient rares et il décrochait quelquefois seulement et après du tout plus quand je l'appelais. En février 2019, il décrocha une fois et m'interdit même de le déranger. Toutes les tentatives pour l'amener à la raison sont soldée par l'insuccès. Nos deux parents les proches amis ont essayés en vain. Par un calme après midi du 17 février 2019, alors que je parcourais les annonce d'un site d'ésotérisme, je tombais sur l'annonce d'un grand marabout du nom ZOKLI que j'essayai toute désespérée et avec peu de foi car j'avais eu a contacter 3 marabouts ici en France sans résultât. Le grand maître ZOKLI promettait un retour au ménage en au plus 7 jours . Au premier il me demande d’espérer un appel avant 72 heures de mon homme, ce qui se réalisait 48 heures après. Je l'informais du résultat et il poursuivait ses rituels.Grande fut ma surprise quand mon mari m’appela de nouveau 4 jours après pour m'annoncer son retour dans 03 jours. Je ne croyais vraiment pas, mais étonnée j'étais de le voire à l'aéroport à l'heure et au jour dits. Depuis son arrivée tout était revenu dans l'ordre. c'est après l'arrivé de mon homme que je décidai de le récompenser pour le service rendu car a vrai dire j'ai pas du tout confiance en ces retour mais cet homme m'a montré le contraire.il intervient dans les domaines suivants Retour de l'être aimé Retour d'affection en 7jours réussir vos affaires , agrandir votre entreprises et trouver de bon marché et partenaires Devenir star Gagner aux jeux de hasard Avoir la promotion au travail Envoûtements Affaire, crise conjugale Dés-envoûtement Protection contre les esprits maléfices Protection contre les mauvais sorts Chance au boulot évolution de poste au boulot Chance en amour La puissance sexuelle. agrandir son pénis Abandon de la cigarette et de l'alcool voici son adresse mail : maitrezokli@hotmail.com vous pouvez l'appeler directement ou l 'Ecrire sur whatsapp au 00229 61 79 46 97
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